Séminaire Histoire et Philosophie des Sciences :

Le 22 mai 2012 à 17:30 - Amphithéâtre de l'IAE, campus UM2


Présentée par Paty Michel - CNRS & Université Paris Diderot Paris 7

« Le Nouveau et le rationnel. (Remarques pour une philosophie de la création scientifique) »



Je voudrais poser le problème des conditions de possibilité de connaissances scientifiques nouvelles, c'est-à-dire de savoir comment il est possible de penser rationnellement (et de mettre au jour) ce qui était impensable auparavant mais dont la nécessité vient toutefois s'imposer. Que ce problème, qui relève de l'architectonique de la pensée rationnelle, ait une solution, c'est ce dont attestent les faits de l'histoire des sciences, qui est non seulement l'histoire des résultats acquis, mais celle, davantage encore et plus profondément, de l'acquisition de ces résultats, c'est-à-dire de leur élaboration (par l'invention) et de leur assimilation. On conçoit par là combien la demande d'intelligibilité (pour les objets des diverses sciences) par la rationalité amène cette dernière à son propre dépassement. La voie de la solution à notre problème est ainsi déjà indiquée, et les analyses épistémologiques et historiques viennent l'éclairer et permettent de l'explorer de manière détaillée et précise. Les connaissances nouvelles sont possibles et rendues effectives moyennant la fonction de la rationalité grâce à l'élargissement des formes et des catégories du rationnel. Cet élargissement permet la formulation de nouveaux concepts scientifiques et de nouvelles relations entre ces concepts qui, soit en même temps qu'elle les forme soit de manière décalée, assure également leur identification comme éléments nouveaux de connaissance et leur intelligibilité. La nouveauté rationnellement intelligible ainsi obtenue comprend aussi bien les éléments nouveaux apparus en premier que leurs effets sur les transformations qui s'ensuivent dans l'organisation des connaissances. Cette considération fait voir comment la rationalité en sciences est à l'œuvre aussi bien dans le moment de l'“invention” que dans celui de la “reconstruction”, à laquelle la plupart des philosophies du xxe siècle avaient voulu la cantonner. Cette réhabilitation de la création scientifique comme objet de réflexion pour la philosophie est riche de conséquences, notamment en ce qui concerne la compréhension du rapport entre la pensée symbolique et la réalité du monde.



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